Dans la demeure cévenole des Chabrol, le soir, on rapprochait les chaises de la cheminée, on invitait quelques voisins, quelques parents… et l’on racontait des histoires.
Ses premières veillées, Chabrol les a passées sur les genoux de sa grand-mère, ensorcelé par ces parleurs infatigables donc les récits rythmaient son enfance, tandis que la mamée murmurait à son oreille: « Ecoute, petit, là, tu vas rire… »
Voici Gibousse, journalier bossu au corps couvert de tatouages, la religieuse qui se mit en ménage avec son beau-frère, ou le cochon délicat pour lequel il fallait chaque jour éplucher des morceaux de pomme de terre… Autant de figures hautes en couleur, attachantes ou inquiétantes, que Jean-Pierre Chabrol, souvent attendri, parfois cruel, ressuscite au cours de ces Mille et Une veillées qui tissent l’historie de la France. De « fil en aiguille », comme disaient les veilleurs, c’est le roman d’un siècle plein d’horreurs et de poésie, le nôtre.
« Ecoute, petit, écoute… »
Cévenol, fils d’instituteur, petit-fils de bergers, Jean-Pierre Chabrol, après avoir participé à la Résistance, est devenu dessinateur, journaliste et enfin romancier. Ses don de conteur lui ont ouvert les portes de la Radio et de la Télévision avant de l’entrainer sur les planches, au cours de longues tournées en France et dans le monde. Après dix années de silence, il a renoué en 1994 avec l’écriture en publiant Le Bonheur du manchot, déchirant hommage à son père, puis Les Aveux du silence (1995), dans lequel il explore les contradictions et les angoisses souterraines d’un écrivain.
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